TRANCHE DE VIE
Quand on a une grosse famille, ce mot revient régulièrement! « Wow, vous avez du courage! » Puis nous avons eu des « Vous êtes malades!!! Avez-vous seulement pensé aux coûts financiers futurs, le coût d’une paire de souliers de marques, etc? » J’ai 5 enfants. Oui, oui, 5 et tous du même papa. Je le mentionne parce que cette question est revenue tellement souvent, surtout après la séparation… On me disait carrément: « Si ça n’avait pas été le cas, je me demande quelle genre de vie tu aurais menée!!! » Je vous laisse ici vous faire une opinion… Pour ma part, ça se résume à, mais qui ça peut bien regarder mon choix de vie en autant que mes enfants soient bien!
Après le « ils sont tous du même papa? », la deuxième question à laquelle que je faisais face était: « ils sont tous à toi ou tu as une garderie? » « Tu es courageuse de sortir avec autant d’enfants. » Un jour n’en pouvant plus de ne pas avancer dans mes courses, j’ai répondu à un monsieur: « Non, ils ne sont pas tous à moi, je suis assez masochiste pour emprunter ceux des voisins question de me donner plus de problèmes!!! » Toutes les mamans de grande famille connaissent les casse-tête du panier d’épicerie avec trop d’enfants ou mieux, faire l’épicerie avec la poussette. Ce n’est pas toujours le paradis admettons-le, mais il faut bien manger. Ah, en passant, quand vous comptez le nombre d’enfants qui descendent de la voiture… ce serait sympa de le faire un peu en cachette!!!
Aux numéros 3 et 4, nous avons eu des jumeaux non identiques. Naturellement, nous nous faisions encore arrêter régulièrement. Wow, des jumeaux, vous avez du courage! Euh… non, pas vraiment, mon corps a décidé d’ovuler 2 fois ce mois-là, ce n’est pas vraiment du courage, mais plutôt un nous n’avons pas le choix. Une dame nous a abordés alors que les jumeaux avaient à peine 1 mois pour nous dire que les jumeaux étaient un don de dieu… J’ai toujours su que j’étais une bonne personne, mais au point de m’élever au rang de dieu, c’est gros, très gros! Forcément porter 1, 2 ou plusieurs enfants, c’est un petit miracle en soi. J’ai donné à boire aux 2 heures un bébé après l’autre… faites le calcul… le sommeil se fait rare, surtout quand il y en a d’autres enfants qui ne vont pas à l’école, mais je n’avais pas le choix. C’était ma vie, je ne crois pas que quelques divinités auraient pu m’aider dans ce cas.
Un an et demi après l’arrivée du numéro 5, le papa et moi avons décidé de mettre fin à notre relation. Pour ça aussi, les gens ont beaucoup jasé et passé des commentaires pas toujours agréables. Le mot courage revenait encore et encore. J’avais souvent tendance à répondre aux gens que je ne suis pas une femme courageuse, que je n’ai tout simplement pas le choix. Avec le recul, et avoir passé 10 ans seule avec les enfants je peux le dire, j’ai été une femme courageuse et ce n’est pas encore fini, il faut les amener jusqu’a l’âge adulte!
J’aurais pu abandonner des millions de fois, par peur, par manque de courage, par égoïsme, parce que certaines fois, on se sent dépasser. Parfois, je suis allée sur le balcon pour pleurer et me demander si j’avais encore la force de continuer. J’ai mis ma vie en veilleuse pour offrir le meilleur de ce que je pouvais: moi-même dans toute mon imperfection. Aujourd’hui, après maintes réflexions, j’ai été une maman courageuse et surtout fière de ce qu’elle a accompli.
À tous les gens qui nous abordent, comme au restaurant ou ils prenaient le temps de venir nous féliciter pour la belle grande famille, tranquille, bien élever… merci vos mots gentils m’ont toujours fait plaisir et m’ont fait réaliser que je devais continuer sur la même voie.