ROP Tranche de vie

Perceptions masculines de choix de vie atypiques

histoire homme

Je ne sais pas si j’ai déjà rêvé au modèle typique d’un chemin de vie « idéal », celui d’étude/voiture/amoureux/mariage/maison/bébé. J’ai tout fait à l’envers et c’est un peu l’histoire de ma vie en fait. Parfois, j’aurais aimé moi aussi « fitter dans le moule », mais lorsque je m’inspire du parcours de certains, je trouve ça magnifique des gens qui ne suivent pas la vague, mais plutôt leur instinct. J’ai donc questionné trois hommes qui ont eu un parcours de vie différent et je vous partage leurs histoires.

Marc « Toffu » Laliberté

Dès l’âge de 12-13 ans, j’ai commencé à faire du son, ensuite de la radio étudiante et finalement j’ai dû quitter le Cégep parce que les études nuisaient à ma carrière. À l’école, on me disait que mon choix de carrière n’était pas logique. Selon eux, en 90, le théâtre n’était pas un métier très reconnu. Malgré les conseils de plusieurs, mon côté artistique me guidait vers un mode de vie plus marginal. Le mode de vie 9@5 ne m’intéressait pas du tout. Je me rappelle lors de mes débuts, quand je travaillais avec Gilles Latulipe, il m’avait dit  » si tu ne veux pas faire ça dans la vie quitte maintenant, parce qu’une fois dans le métier, c’est impossible d’en sortir! » Aujourd’hui, j’ai 43 ans, je suis directeur de production et directeur technique en création. Lorsque je prends le temps de faire le point sur mon cheminement, je constate que j’ai bien gagné ma vie en théâtre tout en ayant une famille.

Je ne me suis jamais senti moins accompli, au contraire je vis ma vie à 200%. J’ai fait le tour du monde plusieurs fois pour le travail. Ma copine est tombée enceinte en Slovénie, a ensuite vécu sa grossesse en France, en Espagne et en Italie. C’est à ce moment que j’ai dû m’adapter. J’étais directeur de tournée et régisseur, mais j’ai dû repenser mon métier et me tourner à 100% sur la direction de production en création. Je suis fier d’élever mon fils dans un milieu artistique, créatif, passionné, inspirant. Il côtoie des gens qui l’inspirent et le poussent à se dépasser. Il a grandi dans les coulisses du cirque Éloize, Cirque du Soleil, rideau vert, TNM, place des arts, Segal Centre, … Je suis fier et satisfait de mes choix de vie même si je n’ai pas suivi le modèle qu’on me suggérait.

Anonyme (Intervenant en centre jeunesse)

À 12 ans, je vendais de la drogue. Je ne pensais pas vraiment au futur, je me disais que j’allais sûrement aller en prison ou me faire tirer. Je vivais au jour le jour. J’ai changé d’école une dizaine de fois au secondaire et je faisais des va-et-vient en centre jeunesse. J’ai réussi à finir le secondaire grâce au centre jeunesse, le 16-18, ainsi que l’école des adultes.
En arrivant au cégep, j’ai arrêté le crime parce que je me disais que ce serait difficile de trouver un travail avec un dossier criminel. Je me suis rendu à l’Université, en 2010. Je ne me sentais pas à ma place. J’étais différent de tout le monde. Quelques années plus tard, j’ai été employé au centre jeunesse. Je ressentais beaucoup de pression parce que je me comparais avec les autres employés. C’est dans ma tête que mon parcours me ralentissait. J’ai alors compris que si je voulais avancer dans la vie, je devrais travailler sur moi-même. J’ai dû travailler fort sur cet aspect.

Aujourd’hui, je termine mon bac et je travaille encore au centre jeunesse. Même si mon chemin de vie n’est pas celui qu’on souhaite avoir, je suis fier de ce que je suis devenu. Maintenant, je réalise que tout ce qui est important, c’est d’être fier de qui l’on est.

Giovanni Vizcardo

À 6 ans, j’ai eu mon premier travail pendant la crise économique au Pérou. Je travaillais pour aider ma famille à manger. Je voyais peu mes parents, car nous travaillions beaucoup. Ce n’est qu’à mes 10 ans, lorsque nous avons déménagé au Canada, que j’ai pu vraiment découvrir un environnement familial.

Adolescent, je me sentais seul, car j’avais peu d’amis. J’avais une famille qui ne partageait pas les mêmes valeurs que moi. Je n’avais aucun sentiment d’appartenance et je trouvais ça plutôt lourd alors un jour, j’ai abandonné ma quête d’identité. Je me suis plongé dans mes études dans l’espoir d’oublier ces émotions. Ce qui m’a valu une troisième place au Québec vers la fin de mon secondaire en mathématique lors d’un examen/concours. Curieux, je suis allé approfondir mon éducation en science pure au collège Dawson par la suite.

J’ai quitté le nid familial assez tôt, sans pour autant en avoir un autre… Parfois, je couchais chez des amis et d’autre fois je dormais dans le cégep. J’avais 2 petits boulots, aucun temps libre, mais je pouvais avoir l’éducation que je voulais et être indépendant financièrement. C’est tout ce qui m’importait. Peu après, je suis allé à McGill pour étudier la physique. Ce n’était pas une passion, c’était pour moi la suite logique des choses. Toujours sans domicile fixe, travaillant à 3 endroits différents, je dormais maximum 4 heures par nuit pour en venir à bout. Je n’avais pas le temps d’aller à mes cours parce que je devais aller travailler pour payer mes études. Je ne faisais qu’aller aux examens. Lors d’une conférence en cosmologie – mon domaine en physique – j’ai eu la chance de rencontrer un professeur au Collège Dartmouth. Après une discussion sur une théorie,  il m’a rapidement offert l’opportunité de faire mon doctorat avec lui, aux États-Unis. C’était l’occasion de partir afin de ne jamais revenir.

J’avais réussi. J’ai eu une bourse pour poursuivre mes études, j’ai eu un poste comme enseignant et finalement, j’avais assez d’argent pour avoir ma propre maison, mais je ne me sentais toujours pas satisfait. En fait, je me sentais inconfortable. J’avais l’impression d’être quelqu’un d’autre. C’est à ce moment que je me suis questionné sur mon objectif de vie. J’ai réalisé que je m’étais mis toute cette pression pendant si longtemps afin de me prouver que j’en étais capable, afin de rentrer dans un certain moule de société. Alors c’est au début de 2017 que j’ai pris la décision d’aller vers l’inconnu, dans l’espoir de me retrouver. Je devais chercher ma place dans le monde. J’ai donc laissé mon doctorat de côté pour m’acheter une van. J’y vis avec mon chien, nous explorons l’Amérique du Nord à la recherche de gens intéressants et d’expériences nouvelles. Je suis enfin moi; libre et en contrôle. Je prends plaisir à avoir du temps pour moi avec mes 3 passions; l’escalade, du cyclisme et la photographie. J’ai laissé le confort d’une maison, la stabilité financière et la routine pour retourner à la manière dont je sais vivre ma vie. Libre!

La terre est là pour être admirée et je suis là pour l’explorer.

Sabrina Fortin

Hyperactive de la pensée et du corps, absorbée par la stimulation des sens et des émotions et mère de deux précieux de 7 et 12 ans.

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