La poésie, c’est l’enfant mal-aimé de la culture. La poésie, c’est pour les vieux, les déprimés, les gens qui ne savent pas quoi faire de leur temps… Du moins, c’est un peu l’image qu’on s’en fait. Et c’est un peu triste.
Dernièrement, je suis allée dans un lancement de recueils de poésie. Ça en surprendra sûrement quelques-uns, mais j’ai vraiment tripé. Des gens engagés, heureux d’être là, des enfants qui aidaient au service, des invités rieurs, des écrivains fiers de leur travail et des mots magnifiques, lus avec rythme par ceux qui les ont écrits. Je me suis laissée arroser, un peu par ma coupe de vin parce qu’on m’a foncé dedans accidentellement, mais surtout par des mots. Des mots puissants, vrais, intenses, des mots qui ont créé tellement d’images dans ma tête que j’ai eu l’impression magique de voir des émotions.
Les deux poètes dont les recueils étaient lancés sont des enseignants du cégep de Joliette. Frédéric Généreux, avec son recueil Le souffleur, enseigne en génie civil. Juste comme ça, si vous croisez son père, dites-lui que le souffleur, c’est lui… Ça lui fera plaisir et c’est probablement le cas. Dominic Corneillier, auteur du recueil Odalies domestiques enseigne le français depuis plusieurs années. À ne pas confondre avec son frère Louis, journaliste d’opinion pour le journal Le Devoir et également poète et enseignant au cégep de Joliette.
Il y a quelque chose de particulier dans l’écriture et l’écoute d’œuvres de poésie. Comme personne ayant une attirance pour la culture en général, je vous dirais qu’il est important, une fois au moins dans une vie, de s’offrir d’entendre un auteur lire son œuvre. Ce n’est pas comme lire un recueil chez soi. Le rythme et les émotions propres à l’auteur prennent une importance majeure dans ce type d’œuvre. J’y ai vraiment vécu quelque chose de difficile à expliquer. On est loin aujourd’hui de la poésie de Baudelaire ou d’Éluard, mais je vous assure que ce qui s’écrit aujourd’hui n’est pas moins riche ou puissant. Les mots d’aujourd’hui sont différents parce que notre langue, que nous défendons souvent avec une ferveur presque démesurée, c’est une langue vivante qui évolue. Il faut simplement se donner la chance de l’entendre et de la vivre autrement.
Moi, ce soir-là, j’ai pris une sacrée douche. Une douche de mots, d’émotions, de vibrations. Je voudrais tellement vous inviter à le faire aussi! Une enseignante que j’ai eue au cégep nous faisait régulièrement la lecture. Elle disait : « Je vous le lis parce qu’on ne se fait jamais assez lire d’affaires dans la vie. » Et elle avait tellement raison. Passé la petite enfance, on lit seul. Plus personne ne nous raconte d’histoires. Pourtant, pensez au plaisir et au réconfort de l’heure du conte. Cette petite fenêtre de douceur avant d’aller dormir ou après une sortie à l’extérieur. Cet espace spécial est encore disponible à l’âge adulte. Il suffit de chercher un peu. On cherche régulièrement des activités pour nos enfants. On veut qu’ils s’amusent, qu’ils découvrent la culture le sport, le jeu… Mais on s’oublie trop souvent.
Vos musées d’arts et vos bibliothèques sont remplis d’activités culturelles. Personne ne devrait éviter à les consommer sans modération. La culture, au Québec, elle est riche, souvent abordable et beaucoup plus accessible qu’on pourrait le croire. Ici, dans mon petit coin de paradis dans le nord de Lanaudière, le musée vient tout juste d’être rénové et il est magnifique. J’adore y aller. C’est calme et vivant à la fois. C’est riche d’histoire et gratuit pour les enfants. Cet été, je me promets de consommer la culture. Je me permettrai d’ouvrir la porte et d’oser apprendre ce que je ne sais pas. J’irai me faire raconter ces périodes de l’histoire que je n’ai pas connue. J’irai rencontrer les traces laissées par mes contemporains d’ailleurs. J’espère sincèrement vous y voir.
Merci à Julie Amstrong-Boileau du Musée d’art de Joliette de m’avoir offert cette merveilleuse soirée qui m’a donné envie de revivre la culture et la poésie d’ici. Merci aux auteurs de m’avoir offert leurs recueils. Ils voyageront bientôt par le biais de Libérez les livres parce que la culture, ça se partage.