En devenant parents, nous avons soudainement cette impression de faire partie d’un grand club sélect formé d’adultes qui vivent les mêmes choses que nous, qui passent par la même gamme d’émotions et surtout qui s’encouragent entre eux. Et bien, ce fut le cas pour mes deux premières enfants, des enfants neurotypiques, pour lesquels les réalités étaient faciles à partager avec d’autres mamans.
À ma dernière grossesse, j’ai compris à la seconde près que tout allait être difficile, que je devrais apprendre à m’y faire. Si je m’ouvrais trop à d’autres, j’avais toujours ce sentiment d’être jugée ! Ce sentiment si inutile, tellement blessant. Nous sommes tous différents et pour moi c’est ce qui est beau dans ce monde. Par contre, ce n’est pas la devise de tous, c’est malheureux et ça part souvent de l’éducation reçue à la maison ou ailleurs.
Le feeling d’une mère ne trompe pas. Dès les trois ans de mon enfant, retard de langage léger. L’impuissance face à cela commençait à se faire sentir. J’ai retroussé mes manches et entrepris les démarches en orthophonie pour une aventure qui dure encore aujourd’hui à l’aube de ses 10 ans. C’est important, car ce soutien est essentiel, donne des merveilles, et surtout de la confiance en soi. N’en reste pas moins que le monde qui l’entoure n’essaie pas de se mettre à sa place. La timidité qui s’est jointe à son retard ajoute beaucoup de barrières. Un enfant ne devrait pas avoir à se poser tant de questions ni se sentir différent. Un enfant devrait s’épanouir à son rythme, avec ses forces et ses faiblesses.
Les difficultés d’apprentissage sont ensuite arrivées, bien sûr, cela allait de pair avec la situation. J’aime lui répéter que rien n’est impossible, que c’est mieux de se respecter soi-même pour ensuite pouvoir respecter les autres et devenir une bonne personne. Mais lorsque ton enfant te dit : « je le sais ça, maman, mais les autres rient de moi » ou « j’aimerais comprendre ce que ma professeure dit, mais les autres dérangent et parlent sans arrêt. Je suis trop gêné pour demander de l’aide ». Et boum ! Encore ce sentiment d’impuissance. Je dois rester debout, forte, prête à lui répondre, sans flancher et sans démolir le peu de confiance qui lui reste. Car même les adultes en place dans son école n’ont pas su voir ce qui se passait, trop préoccupés à appliquer les procédures habituelles dans ce dossier, car il semblait n’être qu’un dossier (plan d’intervention, orthopédagogue, etc.).
Je suis sa maman, mais je ne me suis pas sentie impliquée dans ce procédé. J’ai pris le temps de réfléchir, de peser le poids des choses et surtout de voir toutes les solutions possibles qui s’offraient à nous, car, rappelez-vous, j’ai dit plus haut que rien n’est impossible. Je dois le démontrer, après tout je suis son modèle.
J’ai donc pris la décision de lui enseigner à la maison, ce ne fut vraiment pas facile au départ. J’avais cette impression de me trouver au-dessus d’un précipice, mais je peux dire maintenant que c’était la chose à faire à ce moment précis. Comme parent, on a ce devoir d’être prêt à affronter n’importe quelle tempête (ajoutons la pandémie covid-19), faire face à cette décision qui fera certainement jaser, mais donnera le sourire et l’estime de soi à cet enfant qui ne mérite pas moins que les autres.
Et vous, seriez-vous prêt à faire ce choix ?