Tout le monde autour de moi le sait et je ne m’en cache pas, je suis « folle »! Je le dis ouvertement en plus! Pourquoi? Pourquoi s’afficher ainsi au risque de subir le jugement? Pour briser les tabous et les préjugés sur la santé mentale, permettre au plus de gens possible d’enfin franchir le pas et démolir les murs derrière lesquels ils se cachent. Puis aussi, je l’avoue, parce qu’après de multiples années, accompagnées de beaucoup d’expérimentation, j’ai enfin acquis une stabilité me permettant de vivre quasi normalement. Alors aujourd’hui, j’ai envie de partager quelques trucs… Ou plutôt, j’ai envie de vous parler de comment j’ai traversé ma dernière « déprime ».
Il y a quelques années, j’ai vécu une période très difficile. Brique après brique, le mur de ma vie s’effondrait et je ne pouvais rien faire. Les problèmes financiers s’accumulaient à une vitesse affolante tandis que ma joie de vivre, elle, s’enfuyait à la même vitesse. Heureusement pour moi, ce n’était pas la première fois que je vivais ces émotions, j’ai donc reconnu rapidement les symptômes et j’ai choisi de me battre. D’accord pour me battre, mais comment? Ça, je ne le savais pas.
Ayant souvent entendu parler du pouvoir des arts créatifs sur le moral, j’ai acheté des albums à colorier… Sans succès dans mon cas. Sculpture? Trop salissant… Peinture? Je suis nulle en dessin… Les choix s’amenuisaient quasi à vue d’œil pour moi. Puis, en faisant du ménage, on est retombé sur les trucs de laine de l’époque où je faisais du tricot. Époque bien lointaine, je dois l’avouer. De nature impatiente, le tricot ne me convenait pas, car, avant de voir à quoi ressemblera notre projet, il faut avoir tricoté beaucoup de rangs, donc des tonnes de mailles à faire.
Puis je me suis souvenue de ma mère qui avait déjà tenté de m’enseigner le crochet. Quel échec ce fut! Mais je n’ai jamais oublié. J’ai donc commencé mes recherches pour apprendre. En parlant avec une amie, elle m’a dit avoir appris en regardant des vidéos sur internet. Il ne m’en fallut pas plus pour que je l’imite! Quelques vidéos plus tard, je savais faire la chaînette et les brides, en anglais par contre. Je me rappelle encore d’avoir montré le résultat de mes premières brides à mon mari, toute fière… Et lui qui ne comprenait pas où ça pouvait mener, mais qui me souriait et m’encourageait quand même.
C’est ainsi que j’ai créé mon premier bonnet, trop petit pour ma fille… Puis, j’ai suivi d’autres vidéos, j’ai fait d’autres chapeaux. Et plus je créais, plus ma joie de vivre revenait! Chaque maille me permettait de me détendre un peu plus, de prendre du temps pour moi. Quand j’attrapais mon crochet et ma laine, je découvrais un monde, une bulle qui n’appartenait qu’à moi et où je transformais cette simple pelote en une merveille que quelqu’un aurait plaisir à porter.
En plus, le crochet m’a amenée à m’inscrire au Cercle des Fermières du Québec dans ma région, où j’ai rencontré des femmes formidables. Cette activité m’a aussi fait redécouvrir mon amie de qui je m’étais trop éloignée avec le temps. Ensemble, on a partagé le plaisir de la création.
Jamais je n’aurais cru qu’une simple activité pouvait faire partie de la solution pour une partie de mes problèmes. Non, tout ne s’est pas miraculeusement réglé avec le crochet, j’ai aussi eu beaucoup de travail à faire, mais sans le crochet, le chemin de mon bien-être aurait été beaucoup plus long et sinueux.








